Les projections relatives aux retombées du réchauffement de la planète sur le climat en Tunisie tout au long du 21ème siècle n’incitent pas à l’alarmisme. Cette phrase a été sur toutes les lèvres des ingénieurs de l’INM et autres climatologues qui ont pris part au débat organisé en marge de la Journée mondiale de météorologie. Les spécialistes des sautes d’humeur de Dame Nature n’ont pas manqué, à cette occasion, de dénoncer « l’exagération » à laquelle s’adonnent certains médias en quête de sensationnalisme qui gonflent démesurément les scénarios catastrophes.
Un rapport élaboré par un groupe intergouvernemental d’experts montre, néanmoins, que la Tunisie risque de connaître une augmentation de température située entre 1,8 et 4,7°C durant le siècle en cours. Comparée à celle enregistrée entre 1860 et 2006 (0,6°C), cette hausse est loin d’être négligeable. L’élévation du niveau de la mer devrait se situer aux alentours de 60 centimètres. On s’attend également à une fréquence accrue des phénomènes extrêmes comme la sécheresse et les inondations. « Ces changements ne seront pas perceptibles à court et à moyen termes. Il faudrait au moins 30 ans pour s’en rendre compte », indique Mme Soumaya Maghrebi, ingénieur à l’INM.
Le rapport réalisé sur la base de modèles (équations mathématiques incluant les données initiales telles les émissions des gaz à effet de serre et la fonte des glaciers du pôle nord) auront des répercussions néfastes sur la santé de l’homme, la diversité biologique et plusieurs secteurs de l’activité économique. Des maladies comme la détérioration de la cornée et de nouvelles formes du cancer de la peau pourraient connaître une montée en flèche. Quelques races animales risquent aussi de disparaître. Les terres côtières ne seraient plus fort probablement cultivables puisque leur degré de salinité va augmenter.
Bien que les projections ne soient pas très inquiétantes, les experts commencent à préparer des stratégies d’adaptation aux changements climatiques prévus. Il s’agit notamment d’une stratégie d’adaptation réalisée par le ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques et d’une étude en cours d’élaboration par le ministère de la Santé publique et le ministère de l’Environnement. Une étude d’impact de l’élévation du niveau de la mer est aussi en cours d’élaboration au niveau de l’Agence de la protection et de l’Aménagement du territoire. « Il faudra également essayer de réduire les émissions des gaz à effet de serre à travers la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles conformément aux dispositions de l’accord de Kyoto et le recours aux énergies renouvelables », précise Mme Maghrebi.
D’autre part, certains scénarios catastrophes prévoient la disparition de certaines îles comme Djerba et Kerkennah, l’apparition de nouvelles maladies dues aux changements climatiques et l’intensification des cyclones et des « tsunamis». Les spécialistes jugent ces scénarios peu réalistes d’autant que la Méditerranée n’est pas une zone à forte activité sismique.