Ecrivain, penseur, poète et peintre libanais de grand talent, Khalil Gibran fait partie de ces êtres qui ont illuminé le monde par leur génie créatif. Ses poèmes ont été traduits dans le monde entier et ses peintures appréciées dans les plus grandes capitales. Mais l'œuvre qui a le mieux traduit le message mystique dont il était porteur et qui lui a valu l'illustre renommée que nous connaissons est, sans conteste, “Le Prophète” : chef-d'œuvre qui restera dans l'histoire de l'humanité une référence spirituelle incontournable.
Né au Liban dans une famille chrétienne maronite, Khalil Gibran émigre aux Etats-Unis avec sa mère puis retourne seul au Liban pour y faire ses études à l'Ecole de la Sagesse de Beyrouth. Après de nombreux voyages, il s'établit à Paris où il étudie la peinture et achève “Les Esprits Rebelles”, éloquent réquisitoire contre la suprématie de l'Eglise et de l'Etat qui sera condamné par l'Eglise maronite et les autorités turques du Liban.
De retour aux Etats-Unis, un journal diffuse ses écrits faisant l'apologie des valeurs modernes mais universelles qui lui tiennent à cœur telles que la liberté, la fraternité, la justice sociale, la nécessité d'un retour à la nature… Mais le poète n'excelle pas moins dans ses diatribes contre l'institution des religions et des systèmes politiques, du nationalisme, des conditionnements, de la dualité sous toutes ses formes…
Après un autre séjour à Paris où il étudie encore la peinture et côtoie de nombreuses personnalités, il s'installe définitivement à New York. Et, à mesure qu'il publie ses œuvres littéraires et picturales toujours plus saisissantes, sa renommée mondiale ne cesse de croître. Mais Khalil Gibran est aussi un intellectuel engagé. Jusqu'en 1920, date de l'indépendance de son pays natal, il préside une association à la fois littéraire et politique destinée à aider les pays du Moyen-Orient à s'affranchir du joug ottoman. Après la publication du “Prophète” en 1923, il devient membre du New Orient Society où il rencontre Gandhi...
Doté d'une santé précaire, l'artiste s'éteint subitement à l'âge de 48 ans, après nous avoir laisser en héritage une œuvre complète que, désormais, nul être humain en recherche d'absolu ou, tout simplement, sensible à la Beauté, ne peut ignorer. Oui, Khalil Gibran a quitté ce monde mais son œuvre lui survit, laissant vibrer nos âmes au gré d'hymnes divins qui éveillent l'esprit sans rien enseigner au mental. Et c'est là que se situe le génie, la force et la sagesse de Khalil Gibran. En véritable syrène de l'amour, il nous attire vers sa lumière pour que nous devenions pleinement « le souffle et la fragrance de Dieu » et que nous participions ainsi à l'avènement d'un monde plus juste, plus libre, plus humain. Car, dit-il, notre corps est « la harpe de notre âme, et il n'en tient qu'à vous d'en issir une musique ravissante ou des sons discordants. »
Vivant, Khalil Gibran le sera toujours dans nos consciences car il appartient à la lignée des grandes âmes dont le message spirituel est le reflet de la divine parole. Oui, il le sera toujours en nos cœurs et peut-être même plus ! Car si la divine lumière semble parfois s'éteindre, trop vite, c'est pour mieux revenir et mieux se faire connaître. « O brume, disait-il, nous flotterons au-dessus de la mer jusqu'au second jour de la vie, quand l'aube te répandra en gouttes de rosée dans un jardin, et fera de moi un bébé blotti sur le sein d'une femme »…